L’éducation et la liberté sont des concepts indissociables, qui ont toujours été au cœur des
débats philosophiques, politiques et sociaux. Alors, la connaissance et l’éducation rendent-ils
l’Homme libre ?
Depuis l’aube de la civilisation, l’Homme a cherché à se libérer de ses chaînes physiques,
intellectuelles ou spirituelles. La connaissance et l’éducation ont souvent été perçues comme les
moteurs principaux de cette libération.
Socrate considérait que la connaissance de soi et la quête de la sagesse étaient les clés de la
liberté intellectuelle et morale.
Platon, dans son allégorie de la caverne, parlait des hommes qui voient les ombres projetées
sur les parois en croyant que c’est là toute la réalité. Ce n’est que lorsqu’ils sont libérés des chaînes
qui les retiennent au fond de la caverne, qu’ils voient le monde réel.
Montaigne affirmait que « L’ignorance est la plus sûre des servitudes ». Et que « C’est de
l’éducation que dépendent les destinées du genre humain ».
Quant à Rousseau, dans « Émile ou De l’éducation », il plaidait pour permette à l’individu de
développer sa propre raison et son autonomie, en harmonie avec la nature et la société.
Mais je vais détailler plus longuement la pensée de deux hommes :
Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet, philosophe et homme
politique français du XVIIIe siècle qui dans son « Rapport sur l’organisation générale de
l’instruction publique », en 1792, a exposé sa vision d’un système éducatif public et laïque,
accessible à tous les citoyens. Dans son ouvrage « Esquisse d’un tableau historique des progrès de
l’esprit humain », il a souligné l’importance de l’éducation pour la liberté et l’égalité. Il croyait que
l’éducation était la clé pour résoudre les problèmes sociaux et politiques. Qu’elle était essentielle
pour garantir la liberté individuelle et l’égalité sociale. Qu’elle devait être basée sur la raison et la
science, plutôt que sur des croyances religieuses ou traditionnelles. Il a également souligné
l’importance de l’éducation civique, affirmant que l’instruction publique devait préparer les citoyens
à participer activement à la vie politique de leur pays, promouvoir les valeurs de liberté, d’égalité,
de fraternité, de justice sociale, et encourager les citoyens à défendre ces valeurs dans leur vie
quotidienne. Était-il franc-maçon ? Il aurait pu ! On ne le sait pas bien…
L’abbé Grégoire, également connu sous le nom d’Henri Jean-Baptiste Grégoire. Il était
ecclésiastique et défenseur des droits de l’homme et de l’éducation pour tous. Il a consacré une
grande partie de sa vie à la lutte contre l’injustice et la discrimination. Il fut l’un des premiers à
plaider pour une éducation publique, laïque et gratuite pour tous les enfants, sans distinction de sexe
ou de classe sociale. Il a proposé des réformes pour l’éducation des femmes et des enfants des
classes les plus pauvres, pour leur permettre de sortir de l’ignorance et de la pauvreté. Tout comme
Condorcet, il a défendu l’idée d’une éducation fondée sur la raison et la science, plutôt que sur la
tradition ou la religion. Il pensait que l’éducation devait être ouverte à tous afin que les individus
développent leur potentiel et contribuent pleinement à la société. C’était un ardent défenseur de
l’égalité de tous les humains du monde, dénonçant l’esclavage et la discrimination raciale. Il plaidait
pour l’intégration des personnes de toutes les races et de toutes les cultures dans la société française
tout comme dans les colonies.
De nombreux penseurs ont réfléchi à l’instruction publique, en proposant des idées et des
réformes pour améliorer l’accès à l’éducation et en faire un droit pour tous. Pour en faire un moyen
de développement personnel et social, de démocratie et d’égalité. Mais la connaissance par les
systèmes éducatifs formels n’est qu’un aspect de l’apprentissage. Il existe d’autres formes de
connaissances et d’éducation. Les savoirs ancestraux, les compétences pratiques issues de
l’expérience de vie sont également des éléments de l’éducation. L’anthropologue et philosophe
français, Claude Lévi-Strauss, souligne que ces connaissances sont souvent négligées ou méprisées
dans la compréhension du monde qui nous entoure. Elles sont cependant essentielles pour
développer une perception plus profonde et holistique de notre environnement et de notre place
dans celui-ci.
L’éducation n’est pas non plus un processus linéaire et unidimensionnel. C’est un
cheminement continu et dynamique, qui évolue et s’adapte tout au long de la vie – et j’en suis
l’exemple caractérisé. En âge d’école, je n’avais que de pensées pour ce qui me semblait être la vie,
qu’un souhait : m’émanciper. Puis les opportunités, mon chemin de vie m’ont ramenée à l’école,
plus mûre, plus motivée à apprendre. Et en plus, j’y ai pris goût ! Nous devons toujours rester
ouverts et réceptifs aux nouvelles idées, aux changements de perspective et aux remises en question
de nos croyances et nos convictions. C’est aussi un peu pour cela que je suis entrée en franc-
maçonnerie : continuer à apprendre, continuer à m’éclairer, car l’importance de la pensée critique et
de l’ouverture d’esprit doivent dépasser les dogmes et les préjugés et cela passe par la connaissance,
donc l’éducation.
D’un autre coté certains font l’éloge de l’ignorance, arguant que quand on ne sait pas, on ne
s’inquiète pas ! Des philosophes et écrivains ont défendu l’ignorance comme un moyen d’atteindre
une certaine tranquillité d’esprit, la connaissance pouvant être une source d’angoisses et de
tourments. Cette idée est illustrée par l’adage populaire : « Heureux les ignorants, car ils ne savent
pas ce qu’ils ignorent. »
Voltaire, dans son conte philosophique « Candide », met en scène un personnage naïf et
optimiste, qui découvre progressivement la cruauté et la corruption du monde. Il suggère que
l’ignorance est un refuge face aux horreurs de la réalité. Arthur Schopenhauer, lui, considérait que
l’ignorance offrait un répit temporaire face à la réalité. Personnellement je dois reconnaître les
limites de cette approche. L’ignorance peut certes offrir un certain répit, mais elle expose également
l’individu à la manipulation, à l’exploitation, à l’injustice, à l’asservissement des incultes. L’histoire
regorge d’exemples où les régimes autoritaires ont exploité l’ignorance et la désinformation pour
asseoir leur pouvoir et contrôler la population. L’absence de connaissance et d’éducation rend
vulnérable à la manipulation et à la domination. Le régime nazi en Allemagne utilisait la
propagande et la censure pour s’assurer que les individus ne remettaient pas en question les idées du
régime. Des œuvres littéraires, telles que « 1984 » de George Orwell ou « Le Meilleur des mondes »
d’Aldous Huxley, montrent les dangers d’une société privée d’éducation, où les individus sont
maintenus dans l’ignorance et soumis à la manipulation et au contrôle. Ray Bradbury, dans
« Fahrenheit 451 », imagine une société où les livres sont interdits et brûlés pour prévenir la
dissidence et la contestation. La population est maintenue dans l’ignorance et la passivité. Ainsi
privée d’accès à la connaissance elle ne peut remettre en question l’autorité.
Ces récits dystopiques mettent en lumière les conséquences de l’obscurantisme et de la
censure sur la liberté individuelle et collective. Ils illustrent la nécessité d’une éducation de qualité
et d’un accès libre à l’information pour préserver la liberté et la démocratie.
(5 : L’éducation et la liberté en franc-maçonnerie).
J’ai cru noter que l’éducation maçonnique, basée sur l’étude des symboles, des rituels et des textes
philosophiques. Elle encourage à développer l’esprit critique et l’autonomie intellectuelle. Les
symboles sont explicites : la taille de la pierre brute pour le retrait de tout ce qui peut faire obstacle,
l’insertion parfaite celle-ci pierre dans l’édifice ; comprenons l’être humain dans la société ; le fil à
plomb dont la verticalité représente l’introspection, ou encore la formule latine VITRIOL : Visite
l’intérieur de la terre et en rectifiant tu trouveras la pierre cachée.
La franc-maçonnerie prône l’amélioration de l’individu et de la société par une quête de la
connaissance. Les principes maçonniques de tolérance, de fraternité, de recherche de la vérité, sont
étroitement liés à la notion d’émancipation intellectuelle et spirituelle. Des figures maçonnes comme
que Benjamin Franklin, Voltaire et George Washington ont grandement contribué et joué un rôle
majeur dans la diffusion des Lumières et des systèmes éducatifs modernes.
Alors : Apprendre ou ne pas apprendre ?
Au terme de cette planche, il apparaît clairement que la relation entre éducation et liberté est
complexe et nuancée. Si la connaissance et l’éducation sont essentielles pour l’émancipation de
l’individu et le développement de la société, elles peuvent également comporter des défis et des
paradoxes.
Néanmoins, la connaissance et l’éducation sont d’importance pour la construction d’un monde
éclairé, juste et solidaire, malgré les dangers potentiels de l’ignorance et de la désinformation.
Comme le disait Nelson Mandela, « L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser
pour changer le monde. » Et les mots de Victor Hugo étaient, « Instruire, c’est éclairer ; éclairer, c’est
civiliser ; civiliser, c’est moraliser ; moraliser, c’est ennoblir ; ennoblir, c’est libérer ; libérer, c’est
préparer le règne de la fraternité universelle. » Je partage ces paroles.
Alvin Toffler, écrivait que « Les analphabètes du 21ème siècle ne seront pas ceux qui ne sauront ni
lire ni écrire, mais ceux qui ne sauront pas apprendre, désapprendre et réapprendre. »
J’ai lu ce matin dans une publicité que j’ai lu une phrase de Marie Curie qui disait : « dans la vie,
rien n’est à craindre, tout est à comprendre ». Dommage qu’il faille si longtemps pour y parvenir,
dommage que dès notre plus jeune âge nous ne sachions pas écouter vraiment et apprendre de nos
ainés. Mais avec le temps, en apprenant, on comprend beaucoup de choses.
J’ai dit