Et toi, Tattoo compris ?

Durant nos vacances, nous avons mis en place un jeu avec mon chéri. Trouver les tatouages sur le corps des gens que nous croisions dans la rue ! En effet, nous avions fait le constat qu’un bon nombre de personnes étaient tatouées, nous donnant le sentiment de faire partie d’une tribu fort rare, celle des « non tatoués » !
Dans notre époque où les gens se déshabillent, aussi bien par la libération de la parole que des habits (les culottes ont de moins en moins de tissu !), dans notre époque où ils se dénudent volontiers, le tatouage semble remplacer le vêtement. Si bien que, mêmes nus, ils paraissent habillés !


Malgré cet engouement, le tatouage est un art méconnu. Il existe peu d’études réalisées sur le sujet. Celui-ci n’en est que plus intéressant car il est légitime de se demander en quoi cet art influence notre vie, nos idées, notre esprit et notre corps.
Mais que signifient les tatouages ? Ceux d’hier et ceux d’aujourd’hui ? Que doit-on comprendre de cet emballement qui touche 7 millions de français, 47% des Américains, 1 Britannique sur 3 et Georges Reiger qui arbore 2200 tatouages représentant des personnages de Disney, dont l’intégralité des 101 Dalmatiens ? Quels messages les tatoués souhaitent-ils faire passer ?
Le tatouage est-il devenu une fabrique d’identité dans une individualisation de masse ? N’est-ce pas paradoxal qu’à notre époque où la loi nous oblige à tatouer nos animaux domestiques, des millions de personnes pensent se singulariser en puisant dans le stock commun « des engouements provisoires » ?
Pour tenter de répondre à ces questions je vous propose une petite visite dans les origines historiques et symboliques du tatouage à travers le monde. Ensuite je vous ferai un résumé de l’enquête que j’ai effectuée auprès de personnes tatouées.

Le tatouage dans le temps et dans le monde
Tout d’abord le mot tatouage est d’origine tahitienne : tataus, qui signifie « marquer ». C’est une pratique universelle et ancestrale signifiant l’appartenance à un peuple.
Certaines peintures rupestres suggèrent l’existence de tatouages il y a 8000 ans avant JC. Mais les scientifiques établissent la première preuve concrète comme étant la momie d’Ötzi, retrouvée en 1991 dans les Alpes Italiennes, datant de 5300 ans av JC. Celui-ci arborait plus de 50 tatouages représentant des lignes et des croix. Ce qui a surpris les scientifiques, c’est que ces dessins ne semblaient pas avoir pour but la décoration mais le soulagement de son arthrose.
En effet, ces dessins étaient situés sur les articulations et sur l’emplacement des points d’acupuncture, suggérant une intention thérapeutique. L’histoire du tatouage remonterait donc en Eurasie à la fin du néolithique, synchrone de l’apparition de l’écriture.
Le premier tatouage en Egypte fut découvert sur une momie datant de 2200 ans av J-C. Le corps était entièrement tatoué de motifs décoratifs, ayant manifestement un but sacré et religieux.
C’est 400 ans av J-C que le 1er tatouage réaliste connu a été tracé sur une momie Nubienne. Celui-ci représentait le Dieu Egyptien Bès, sympathique nain doté d’un solide appétit sexuel et associé à la protection du foyer, à la fête et à la joie de vivre.
Et c’est également sur des corps datant de 500 ans avant J.-C. que les premiers tatouages figuratifs ont étés retrouvés en Sibérie. Ils représentent des animaux réels ou imaginaires. Ils étaient d’autant plus innovants qu’ils étaient réservés aux personnes de classe sociales élevées : les chefs et les nobles.

Le tatouage s’est donc développé simultanément dans de multiples lieux du globe à travers les siècles. Il a été pratiqué dans de nombreuses civilisations bien avant que ces peuples n’entrent en contact les uns avec les autres. Aussi est-il difficile de situer précisément le début de cette pratique autant d’un point de vue historique que géographique.

Je vous emmène avec moi pour un périple à travers le monde de l’encre sous la peau.

En Polynésie

Il occupe une place centrale dans la culture et les croyances polynésiennes. Il marquait en général un rang social élevé et avait pour but de renforcer la fécondité et les liens avec le surnaturel et le sacré.
Dans ces îles, le baptême de l’enfant, c’est le tatouage. Pour être inscrit dans la communauté, le polynésien doit passer par des rites imposés par la tribu. C’est alors une cérémonie familiale et religieuse.

Jusqu’à la fin du XIXème siècle, Chez les Areoïs rendus célèbres par les tableaux de Gauguin, la société se divisait en classes. La disposition des tatouages sur le corps révélait chacune en prenant le nom de parties tatouées. Ainsi, la première classe, la plus élevée, était nommée “jambes tatouées”, la deuxième “bras tatoués”, la troisième “flancs tatoués”…
Aux îles Marquises, le tatouage est essentiellement d’ordre esthétique.
Toutes les parties du corps sont marquées, à l’exception de la paume des mains et de la plante des pieds. Plus les dessins sont nombreux, riches et variés, plus la personne est âgée et élevée dans le milieu social.
A la fin du XIXème siècle, un homme ne pouvait demander la main d’une jeune fille s’il n’avait été préalablement tatoué. C’est donc pour cette raison que le tatouage était effectué dès la puberté. Celui-ci, réalisé par un prêtre, était considéré comme une marque de puissance et de beauté. Les marquisiens voyaient leurs tatouages comme la preuve de leur bravoure car le processus était très douloureux. Afin de rendre la douleur plus supportable, les tatoués étaient encouragés tout au long de la cérémonie par les chants des spectateurs – exclusivement des hommes –. Après la cérémonie, le tatoué ne pouvait avoir aucune interaction sociale jusqu’à la cicatrisation complète de l’œuvre. Il devait se taire !
En Nouvelle Zélande, le tatouage était lié essentiellement au mariage. Selon les régions, on attribuait aux tatouages des femmes Maoris un caractère érotique et à ceux des hommes un atout de séduction. L’homme non-tatoué étant considéré comme lâche et indigne de sa place dans la société. Le tatouage était effectué à l’âge de 20 ans. Celui qui refusait de s’y soumettre était considéré comme efféminé, sans courage et indigne de faire partie de la communauté.
Les Maoris sont aussi célèbres pour leurs tatouages d’une noirceur pure, recouvrant tout le visage appelé “MOKO”. Le “Moko” est une marque de noblesse qui signifie une victoire accomplie.
En Asie

Au Japon, les tatouages existent dans certaines tribus depuis la préhistoire. Chez les Aïnous, le visage des femmes était tatoué avant le mariage. Le but de cette pratique était à la fois un symbole de protection et d’évacuation du sang impur. Dès le Vème siècle, le tatouage servait à punir les criminels afin de les marquer à vie, au même titre que le fait de couper une main ou une oreille. Au XVIIème siècle, les prostituées se tatouaient elles-mêmes sur le bras, le dos de la main, la poitrine ou le visage.
C’est donc par cette double pratique (celle du criminel et de la prostituée) que le tatouage a été assimilé aux mauvaises mœurs de la société japonaise. D’où également le mépris des classes supérieures pour ce style ornemental.
La réputation du tatouage s’améliore au XIXème siècle grâce à un roman chinois intitulé “Au bord de l’eau”, dont les héros étaient tatoués de la tête aux pieds. Par la suite, les hommes dont le métier était difficile (pompier, charpentiers…) décidèrent de se faire tatouer des animaux symbolisant la virilité tel que le lion, le tigre, le coq…
En 1872, l’empereur Matsuhito interdit officiellement la pratique du tatouage.
Mais, cette interdiction ne dura que quelques années et de nouveau sa réputation chute à cause de son utilisation par les « Yakusas », la mafia japonaise. Celle-ci utilise le tatouage comme rite d’entrée et de passage dans la société criminelle. C’est également au Japon qu’ont été créés les premiers tatouages négatifs dit « tatouages cachés ». Ces tatouages à base de poudre de riz ne peuvent être révélés que par la lumière et la chaleur du soleil, de l’excitation, d’un bain chaud ou sous l’emprise de l’alcool. Il se teinte alors en rouge.
De nos jours, les motifs des tatouages japonais sont essentiellement figuratifs, tels que fleurs (surtout le chrysanthème qui est la fleur nationale), paysages, animaux (poisson, chat, papillon…)
L’histoire du tatouage en Chine est récente. Il figurait, aux côtés de la mort, de la castration et de l’amputation du nez et des pieds, dans la liste des punitions administrées aux criminels. Il prenait alors l’aspect d’une marque permanente et humiliante. Le tatouage varie selon les régions. Il existe cependant aussi trois minorités chinoises, Drung, Li et Dai, où les jeunes garçons et filles étaient tatoués, vers 13 ans, en signe de passage à la maturité.

En Afrique
Les tatouages en Egypte ne se retrouvent pas seulement sur les momies mais aussi chez les « coptes », une minorité chrétienne. Leurs tatouages marquaient la date de leur pèlerinage à Jérusalem et une croix sur l’intérieur du poignet. Ils utilisaient aussi les tatouages comme protection contre la malchance, ou comme traitements médicaux. Les buts de cette pratique sont donc esthétiques, magiques, superstitieux ou encore médicaux, c’est-à-dire préventif ou curatif. Ils croyaient qu’un oiseau sur la tempe réduisait les maux de tête et la faiblesse mentale. Ils symbolisaient également la fertilité. D’une autre manière, le tatouage servait à identifier le rang social, l’appartenance à un groupe, ou même le statut d’une personne (une sorte de carte d’identité).
L’Afrique du Nord ne possède pas énormément de tatouages permanents. Les tatouages au Maghreb se limitent donc principalement au Mehndi, qui est l’art d’appliquer le henné sur les mains et les pieds des femmes. Le henné protègerait du mauvais œil, porterait chance, et est de nos jours très utilisé dans les mariages, où il est associé à la sensualité et à la fécondité. Plus précisément, il est dit qu’en portant du henné le jour de son mariage, une mariée cherche à « rendre grâce » auprès de son mari. Les femmes l’usent pour affronter avec force et courage les vices de la vie, auxquels elles seraient plus sujettes que les hommes. Dans un contexte plus léger, ce genre de tatouage leur apporterait aussi du rêve, et de la joie.
Un peu plus au sud, le tatouage est majoritairement permanent et tribal. Il est considéré comme une marque de liberté et de pouvoir, les esclaves n’étant pas tatoués. Il marque souvent le passage à l’âge adulte, pour les hommes à 20 ans et pour les femmes à la puberté. En agressant le corps, les tatoueurs préparent celui-ci aux épreuves de la vie et fortifie le nouveau tatoué.
En Amérique

Il semblerait que les indiens d’Amérique se tatouaient il y a 4000 ans environ. Les dessins symbolisaient la tribu, les exploits de guerre et de chasse, le rang dans la société et la bravoure du tatoué. Ils étaient réalisés par les prêtres lors de la danse du soleil. Cependant, dans les mêmes tribus, un voleur pouvait être condamné au tatouage complet du visage.

En Europe
Il y a eu beaucoup d’usage du tatouage en Europe à travers les âges : le marquage par un aigle des légionnaires romains, le marquage des esclaves grecs du nom de leur maître, les tatouages en labyrinthes des celtes etc. Toutefois, la pratique du tatouage s’éteint totalement au Moyen Age. Cela est dû à son interdiction par le pape Adrien 1er en 787 car la Bible proscrit toutes les modifications corporelles.
C’est au 18ème S. que le tatouage émergera de nouveau, ramené par des voyageurs et des marins inspirés par les coutumes tahitiennes découvertes dans le Pacifique par James Cook.
Par la suite, le tatouage va prendre un sens bien plus péjoratif dans bon nombre de pays. S’il reste à certains endroits et dans certaines sociétés comme rite de passage à l’âge adulte, où l’homme apprend à ressentir la douleur, il est aussi utilisé pour former toutes sortes de clans à la réputation assez mauvaise. L’usage se propage et devient l’apanage des marginaux, notamment dans les prisons.
La vision des hommes qui arboraient un tatouage s’endurcit d’autant plus durant la seconde guerre mondiale, lors des massacres de la Shoah. Car les juifs emmenés en camps de concentration étaient tatoués comme du bétail, sur le bras, d’un chiffre qui permettait de les compter. Les nazis usaient du tatouage pour les dénigrer, et diminuer au maximum leur humanité. Cette utilisation barbare du tatouage renforça la connotation péjorative qu’il avait déjà acquise avec les années.

Que signifie le tatouage aujourd’hui dans le monde occidental ?
Comment cette pratique est-elle passée du marquage au fer rouge des citoyens condamnés ou déchus à une mode si commune ?
C’est après une période de traumatisme post Shoah que la pratique du tatouage redémarre.
Peu à peu, les techniques évoluent et la pratique se professionnalise, permettant aux premières boutiques d’ouvrir à partir des années 70 à New York puis En Europe. Ce sont alors les « mauvais garçons », bikers, rockers ou punks, qui sont touchés par le phénomène de la pigmentation de l’épiderme.
Autrement dit, une population marginale qui choisit d’en faire un signe de rébellion et de protestation.
C’est au cours des années 90 que le tatouage devint un phénomène de mode, revêtant une dimension plus esthétique. Les amateurs de décorations corporelles sont alors de plus en plus nombreux. Il n’est plus réservé à un certain type de personne. Même dans nos littératures, le tatouage y est présent : Milady dans « Les 3 Mousquetaires par exemple. Dans le livre de Dan Brown « « Le symbole perdu », un personnage, Franc-Maçon du 33ème degré, s’est fait tatouer tous les symboles maçonniques de la tête aux pieds.
De nos jours on pourrait dire que le tatouage s’encre (ou s’ancre) de plus en plus dans nos mœurs. Il serait même devenu le onzième art après le cinéma, les arts médiatiques, la bande dessinée et les jeux vidéo. La signification du tatouage serait désormais à rechercher en lui-même, et non plus dans l’appartenance à un groupe déterminé.
Certains dessins ont une signification commune. L’étoile : Symbole du spirituel et de l’inspiration. Les ailes : symbole de l’envol. Le phénix, de la renaissance. Le papillon de l’âme et son immortalité. Il n’en reste pas moins que le tatouage et le fait de se faire tatouer représentent un sens personnel et particulier.
Toutefois le tatouage n’étant plus aussi marginalisé mais démocratisé, ne perd-il pas en signification ? Est-ce qu’il ne tend pas à devenir une fresque épidermique par caprice ?
En témoigne le succès du Salon mondial du tatouage qui a lieu au parc de La Villette à Paris et qui a reçu plus de 30.000 personnes. Ainsi que l’exposition événement « Tatoueurs, tatoués », qui a investi le musée du Quai Branly durant un an et demi.
C’est au cours d’échange avec 28 personnes tatouées que j’ai pu constater que cette décision de se faire marquer était mûrement réfléchie et que le tatouage ne se réduisait pas qu’à une simple décoration ni à un simple phénomène de mode. Aussi vais-je vous livrer la synthèse de ces enquêtes en tentant de respecter les propos et pensées de ces personnes qui ont eu la gentillesse de me répondre.
L’acte de se faire tatouer représente un changement important et une liberté d’expression dans lequel vient s’intriquer des significations à la fois traditionnelles puis individuelles.
De la tradition, les tatoués d’aujourd’hui ont gardé :

  • Le rite de passage entre l’adolescence et le monde des adultes ou pour les plus âgés, un besoin de marquer une étape importante de leur vie.
  • La pensée magique. Combattre ou conjurer ses peurs, comme mourir, ou vieillir, en tatouant, par exemple, un visage qui ne souffrira pas des marques du temps.
  • L’affirmation de son originalité et de son côté rebelle tout en maintenant son appartenance à un groupe. (Musiciens/motards…)
  • La spiritualité en tatouant des symboles spécifiques qui donnent naissance à une réflexion sur le sens de la vie, de la famille, des origines.
  • La recherche d’un idéal vers lequel on tend, en tatouant des dessins qui représentent la force, le courage, l’honneur, la gloire, la combativité et la persévérance. Des notions qui nous font défaut ou qu’on oublie parfois.
    Tatouer c’est aussi marquer ce que l’on ne veut pas oublier. Le tatouage symbolise un évènement du passé que l’on souhaite retrouver ou ne pas perdre. Une sorte de piqûre de rappel ! D’ailleurs certains tatouages, qui racontent l’histoire de la personne, sont cachés ou discrets. Visibles uniquement par celui qui le porte et qui décide à qui il veut les dévoiler dans l’intimité.
    Et c’est là où le tatouage entre dans l’ère moderne, c’est-à-dire que la démarche est devenue libre et individualisée. Dans cette recherche d’équilibre entre le monde extérieur et son « moi » intérieur. On y reconnaît l’idée de pouvoir être en harmonie avec ce que l’on est et ce que l’on devient en tenant compte des étapes et des épreuves que l’on a vécues ! Un moyen d’affirmer sa personnalité. Certaines personnes tatouées clament le fait qu’elles sont maîtres de leur propre corps et que par conséquent elles sont libres de le transformer à leur convenance. Les tatoués ne sont plus emprisonnés dans ce corps qu’ils trouvent horriblement banal. Il devient une œuvre d’art unique et agréable à regarder pour soi et pour les autres. Le tatouage tend à favoriser la confiance en soi et en son pouvoir de séduction.
    Il interroge aussi sur la douleur. Les tatouages expriment en silence des événements parfois traumatisants. Ils sont alors réalisés lors de périodes difficiles et marquantes afin d’exorciser des émotions telles que des angoisses, des conflits, de la culpabilité. On utilise son corps comme support créatif pour sublimer ces émotions. Le tatoué soigne le mal par le mal : il soigne la souffrance psychologique par une douleur physique – s’apparentant à la scarification – qui laissera une trace intemporelle telle une cicatrice. Parfois donc le tatouage est une manière d’exprimer un profond mal-être pour tendre vers un mieux-être. Une jeune femme m’a dit : « C’est une douce sensation, cette aiguille qui tricote la peau ».
    Conclusion :
    Ainsi le tatouage traîne depuis longtemps autour de lui des polémiques variées, qui font autant de sujets de débats. Même si de nos jours on a le choix d’en porter un, ça n’a pas toujours été le cas.
    Aujourd’hui, bien que le tatouage serve à embellir nos corps, il a aussi une valeur plus profonde. Il ne s’agit pas d’un simple dessin, mais d’un message, d’une singularité affichée.
    Il peut s’agir d’un hommage, d’une extériorisation, d’un accomplissement de la personnalité ou d’une expression de l’âme qui le rend unique.
    Il peut alors avoir un rôle d’altérité, amenant à montrer notre différence et à faire passer un message aux autres. En effet, certains tatouages, dans le dos par exemple, ne sont pas vus par le tatoué lui-même. Bien qu’en Europe le tatouage ne soit plus le témoin d’un esprit clanique comme il a pu l’être autrefois, il peut néanmoins avoir la fonction de rassembler ce qui est devenu épars. Lors des rencontres au salon mondial du tatouage par exemple, des personnes ayant des tatouages similaires ou partageant les mêmes convictions, les mêmes valeurs morales, les mêmes passions s’y retrouvent. Mais s’il a cette fonction de rassembler, il peut également amener la division, l’exclusion jusqu’à l’affrontement lorsque les valeurs morales représentées paraissent opposées.
    Qu’il ait un rôle d’union, de différentiation ou de vecteur d’un message pour autrui, le tatouage est destiné à être porté toute sa vie.
    Mais il y a une sorte de collision entre l’instant et l’éternité. Le paradoxe du tatouage est qu’il dure éternellement alors qu’il marque un moment précis de la vie. Or la plupart des gens se tatouent autour de 18 ans, avec des références propres à leur génération qui sont les plus promptes à être dépassées pour n’être ensuite qu’un lointain souvenir. Comme si à la fin de l’adolescence, on avait fini de polir sa pierre…

Pour finir, je voudrais tout de même rajouter une bonne nouvelle : le tatouage est paritaire : 9% des Françaises et 11% des Français ont déjà goûté à l’aiguille encrée.

Image par Aamir Mohd Khan de Pixabay