ARISTIDE BRIAND (1862-1932)

“Poincaré sait tout et ne comprend rien, Briand ne sait rien et comprend tout” : cette sentence ironique ne peut n’appartenir qu’à Clémenceau, mais sommes toutes elle n’est pas dénuée de raison.

Le choix entre ces deux personnages contemporains : Poincaré 1860-1934 et Briand 1862-1932, pour parler d’une période qui a vu la France se transformer  politiquement, économiquement et socialement, ce choix donc, met face à face un bourgeois aisé, intelligent, cultivé, travailleur, couvert d’honneurs très tôt, populaire, mais indécis, froid de caractère, entêté ; l’autre d’origine modeste, peu instruit, nonchalant, lent à réussir en politique, mais plus à l’écoute, large d’esprit, ouvert sur l’avenir. Par contre tous deux profondément laïques, républicains, de “gauche” selon les critères de l’époque. Briand m’a paru plus intéressant dans la mesure où il avait de l’avenir une vision certes prématurée, mais qui s’avérera juste. De plus, d’un point de vue personnel j’ai vécu près de lieux où il a séjourné et certaines de ses relations ont été proches de mes parents.

 

De surcroît, Briand a été acteur dans des événements essentiels de notre histoire, c’est là-dessus

que je me pencherai. Des biographes ont fait un travail que ne je saurais égaler en si peu de temps,

le but de ce travail est de démontrer l’importance de ce politique que l’on a tendance à oublier actuellement.

Aristide Briand naît à Nantes le 28 mars 1862 d’une famille modeste, mais relativement aisée, qui tient une auberge au 12 de la rue du Marchix ; quelques années plus tard elle tiendra des établissements similaires à Saint Nazaire. Toute sa vie Briand subira les sarcasmes d’une caste politique socialement plus élevée, quant à son origine de fils de “bistrotier”. Ceci ne l’empêchera pas de faire des études, dans un collège de Nantes tout d’abord (futur collège Aristide Briand), puis de suivre des études de droit à Nantes également. Clerc de notaire, journaliste et même directeur politique de l’Ouest Républicain, inscrit au barreau de Saint Nazaire, il s’engage dans la politique auprès des radicaux socialistes. Brièvement conseiller municipal de mai 1888 à février 1889, il soutiendra des candidats du monde ouvrier au sein du conseil municipal socialiste. Quittant la Bretagne il s’installe à Paris, inscrit au barreau de Pontoise en 1900, son cabinet se situe à Enghien  non loin du lac – il logera notamment avec René Viviani, un de ses plus proches amis, qui sera plusieurs fois ministre et Président du Conseil au moment de la déclaration de Guerre en août 1914 – né en 1863 en Algérie, décédé atteint de démence en 1925, il est le rédacteur de la Loi de 1901 régissant les associations à but non lucratif – Frère de la Loge Droit et Justice de Paris.

 

Aristide Briand travaillera en outre au journal La Lanterne d’Eugène Maye, axé sur l’anticléricalisme.

Il comprend rapidement qu’il n’arrivera pas à se faire élire à la députation à Paris, pas plus qu’en Bretagne région où son anticléricalisme le dessert.

Finalement il est élu à Saint Etienne en 1902, là, débute sa véritable carrière politique.

 

Entre 1862 et 1902 la France a connu bien des transformations au prix d’événements souvent dramatiques.

En 1862, le second Empire est quasi à son apogée : l’industrie se développe, créant des richesses, mais aussi entraînant des laissés pour compte et un grand nombre d’ouvriers mal payés et souvent mal traités. L’Empire dictatorial va commencer à se libéraliser, par exemple  Loi du 25 mai 1864 autorisant la coalition des ouvriers et accordant le droit de grève, 6 juin 1868 Loi accordant la liberté de réunion précédée le 11 mai d’une Loi sur la Presse supprimant les autorisations préalables et les avertissements. En politique extérieure, après avoir repris une place importante en Europe : Guerre de Crimée  en 1855 avec la Grande Bretagne et la Turquie, Guerre d’Indépendance Italienne en 1859, entraînant l’annexion de Nice et de la Savoie en 1860.

Continuation de l’expansion coloniale en Asie, Afrique (rarement critiquée à cette époque) ; la France de Napoléon III va s’engager dans une guerre néfaste au Mexique dès 1862, entraînant un premier échec et une brouille avec les U.S.A. en pleine guerre de Sécession, cette expédition durera

jusqu’en 1867. L’Empereur ne réalisera que trop tard le danger Prussien, ce pays battant le Danemark puis l’Autriche en 1866 (bataille de Sadowa), il perdra ses bonnes relations avec la Grande Bretagne, n’arrivera pas à faire de l’Italie une alliée pas plus que la Russie. Enfin, se laissera berner par Bismarck en 1870 année d’un plébiscite réussi (avec les grandes villes contre lui cependant), tout ceci se terminera à Sedan le 2 septembre suivi de la proclamation de la République le 4. Le 19, les Prussiens mettent le siège devant Paris qui capitule le 28 janvier 1871, auparavant à Versailles l’Empire Allemand a été programmé le 18. Le 10 mai le traité de Francfort voit la France capituler et céder l’Alsace-Lorraine – durant cette période du 18 mars au 28 mai ont lieu les événements de la Commune. Le 31 août A. Thiers est proclamé Président de la République.

 

Durant cette période A. Briand, sera un simple élève, peu perturbé par ces événements ne touchant pas sa région. Le traumatisme de cette défaite touchera profondément un Georges Clémenceau maire du XVIIIe arrondissement de Paris et plus encore le jeune Raymond Poincaré, Meusien de naissance qui verra les Prussiens occuper sa région – sans oublier que, suite au traité de Francfort, la France devra payer une énorme somme à l’Empire Allemand qui une fois réglée verra ses armées quitter le sol français.

Le 16 septembre 1873 (occupation de Nancy, Verdun, etc.).

 

Dès lors la République se met en place mais ne naîtra officiellement que le 30 janvier 1875 suite à l’amendement WALLON, elle n’a cessé d’exister depuis (en berne de 1940 à 1944).

En nous basant jusqu’en 1902 pour accéder à l’œuvre de Briand, divers événements ont jalonné l’histoire de cette République :

Du point de vue économique une grande dépression de 1873 à 1896 ralentira les progrès sociaux,

bon gré mal gré cependant la République va légiférer, bâtir, construire le progrès  ainsi :

29 mars 1879 : décret contre les congrégations non autorisées –

9 août 1879 : Loi Paul Bert : création des écoles normales

16 juin 1881 : Loi Ferry sur la gratuité de l’enseignement public

29 juillet 1881 : Loi libérale sur la Presse

28 mars 1882  Loi Ferry sur l’école obligatoire et laïque

21 mars 1884 : Loi Waldeck-Rousseau autorisant les syndicats professionnels

27 juillet : Loi Naquet rétablissement le divorce

30 octobre 1886 : Loi laïcisant le personnel des écoles publiques

1890 : suppression du livret ouvrier

10 juillet 1896 : Loi relative à la constitution des universités

2 novembre 1892 : Loi limitant la durée du travail des Femmes et des enfants

9 avril 1898 : Loi relative à la responsabilité patronale dans les cadres des accidents du travail

11 avril 1898 : Loi sur les sociétés de secours mutuel

30 septembre 1900 : Loi Millerand abaissant la durée du travail à 11 Heures

1er juillet 1901 : Loi sur les associations

Avril-Mai 1902 ; Elections législatives : victoire du bloc des gauches – Aristide Briand élu député, inscrit auprès du Groupe Républicain Socialiste.

 

En dehors de la législation, la France étend son empire colonial, des gens comme Clémenceau y sont défavorables, d’autres comme J. Ferry approuvent cette politique.

 

1878 – 1889 – 1900 : Trois expositions universelles

1894 : début de l’affaire Dreyfus

Créations de syndicats, de partis politiques

 

 

Avant tout qui est la personne d’Aristide Briand :

Il a la réputation d’être paresseux, nonchalant, peu instruit : il ne prend jamais de notes, son bureau est net de tout dossier, il donne l’impression d’agir en dilettante – En réalité c’est un homme qui enregistre rapidement les faits, les soupèse, les analyse et prend des décisions fermes.

Doté d’une voix dit-on mélodieuse, il est particulièrement doué pour faire des discours sans note, il a probablement un don pour l’improvisation. Ses discours sont attendus et entendus.

Jaurès, virulent, Clémenceau agressif et incisif, Poincaré méticuleux, précis, prolixe, forment avec lui des tribuns hors pairs.

Sur sa vie privée, demeuré célibataire, sans enfants dit-on (peut être un enfant naturel avant ses 25 ans, mais sans certitude), il séduira plus d’une femme dont deux retiennent l’attention :

Berthe Cerny sociétaire de la Comédie Française qui durant des années sera son réconfort et chez qui il séjournera souvent à Saint-Cloud (souvenir personnel j’ai habité près de la maison de cette personne) et Marie Bonaparte, Princesse de Grèce, amie et traductrice de Freud qui sera une des introductrice de la psychanalyse en France, elle-même perturbée psychologiquement, avec qui sa liaison sera faite de patience, d’écoute, d’attentions, Elle habitait également Saint-Cloud , non loin de Berthe Cerny.

 

Quoique cultivé il donnait l’impression de ne s’intéresser à rien d’autre qu’à la pêche à la ligne, la navigation en mer et à la lecture de romans policiers, tout ceci le desservait parfois, mais sa réussite exaspérait ses adversaires qui n’arrivaient pas à le cerner.

 

Et la maçonnerie dans tout cela ?

En premier lieu il passera sa vie politique entouré de maçons : Viviani, Combes, Sembat, Vaillant, Millerand, et de tant d’autres qu’il serait fastidieux de les citer tous. La maçonnerie a eu quasi obligatoirement une influence sur lui, ne serait-ce qu’au niveau du socialisme et de la laïcité.

Il se rapproche de la Loge TRAIT D’UNION en 1887, son initiation étant programmée pour le 8 juillet, mais une affaire de mœurs, jamais éclaircie, l’obligera à y renoncer au dernier moment.

Attitré cependant par les sociétés secrètes il adhérera en 1895 à l’obédience para-maçonnique

“Les Chevaliers du Travail” à laquelle appartiendra par exemple Marcel Sembat et d’autres dignitaires, mais pour une courte période en général, cette obédience disparaissant en 1910.

Sur ses opinions religieuses : Homme parfaitement tolérant, mais laïque fervent, il cessera tout contact avec la religion sitôt effectuée sa première communion en 1874. Il sera inhumé civilement.

 

1902 – 1917

Jusqu’à son élection à la Chambre des Députés en 1902, il fera son possible, tout comme Jean Jaurès, pour maintenir unis les courants du mouvement socialiste. Ardent partisan de la “grève générale » d’où son adhésion aux “Chevaliers du Travail”, il s’éloignera de cette position extrême assez rapidement une fois élu. Dès 1904, il renonce à sa fonction de secrétaire général du Parti Socialiste Français.

Quoique “jeune élu”, il sera choisi pour être le rapporteur devant l’Assemblée Nationale du projet de Loi de séparation des Eglises et de l’Etat.  Outre sa qualité d’orateur, il est aussi un fin négociateur, soucieux d’éviter de graves conflits sur cet important sujet qui durait depuis 25 ans.

En 1904, la France avait rompu ses relations diplomatiques avec le Vatican, le Pape Pie X s’avérant anti républicain, hyper conservateur, différent en cela de son prédécesseur Léon XIII, qui approuvait les progrès sociaux et la contestation syndicale ;  En cela il se différenciera d’un Emile Combes, plus abrupt, et orientera la Loi vers plus de souplesse, Loi qui sera adoptée le 9 décembre 1905. A compter de ce moment, à l’exception de quelques années de mise à l’écart, il ne cessera de s’impliquer dans la politique française. Jusqu’à son décès il sera 11 fois Président du Conseil et 23 fois ministre.

Son premier ministère dans le gouvernement de Georges Sarrien, à compter du 14 mars 1906, suivi de celui de G. Clémenceau, comprendra L’Instruction Publique, les Beaux-Arts et les Cultes (de nombreux problèmes restant à régler suite à l’application de la loi de 1905)

Du 4 janvier 1908 au 24 juillet 1909 il obtient le portefeuille de la Justice et conserve celui des cultes, enfin il accède au poste de Président du Conseil et ministre de l’intérieur ce même 24 juillet, et ce jusqu’au 2 mars 1911.

De 1906 à 1911 bien des événements se sont déroulés : Armand Fallières est devenu Président de la République  le 17 janvier 1906, cette même année le Pape condamne la Loi de Séparation. Débute la période, parfois violente des inventaires des biens de l’Eglise, le 10 mars catastrophe de Courrières.

Le 17 juillet réhabilitation officielle de Dreyfus. Le 13 juillet Loi sur le repos hebdomadaire obligatoire. Du point de vue international retenons les différents conflits diplomatiques avec l’Allemagne, mais surtout la triple entente entre la France, la Russie et le Royaume Uni.

Nombreux troubles sociaux : les vignerons du Sud-Ouest en 1907, importantes grèves en 1908 (Draveil) – Clémenceau mais aussi Briand, s’opposeront aux grévistes, Briand n’admettant pas la grève de fonctionnaires pour sa part, ce que Jaurès lui reprochera violemment. A compter de cette période Briand se coupe en partie de ce qui était la Gauche à l’époque. Ainsi en 1910, il fera intervenir l’armée contre les grévistes des chemins de fer de l’Ouest – ce qui ne l’empêchera pas en avril de cette année-là de faire adopter une Loi sur les retraites ouvrières et paysannes – Ni d’avoir soutenu un projet de loi pour l’abrogation de la peine de mort, souhait émis par Fallières.

Du 2 mars 1911 au 14 janvier 1912, il rentre dans le rang, séjournant dans sa propriété de Cocherel dans l’Eure ou à Saint Cloud ou faisant du bateau en mer. Du 14 janvier 1912 au 23 janvier 1913 Raymond Poincaré lui confie la Justice jusqu’à son élection à la Présidence de la République le 17 janvier 1913. Du 21 janvier au 22 mars Briand redevient Président du Conseil et Ministre de l’Intérieur. En l’absence d’un portefeuille il soutiendra la Loi sur le service armé porté à 3 ans le

17 août 1913. Il crée une “Fédération des Gauches” peu prisée en fait par les Socialistes.

Durant le court laps de temps séparant le début de la première mondiale,  la France verra votée la Loi suggérée par Joseph Caillaux sur l’impôt sur le revenu, (15 juillet 1914) et le 26 juillet l’ami de Briand, René Viviani devient Président du Conseil et lui confie la Justice et la vice-présidence du Conseil. Le 31 juillet Jaurès est assassiné, enfin l’Allemagne déclare la guerre à la France le 3 août 1914. Viviani réussit ce que l’on a nommé l’UNION SACREE qui verra dans un même gouvernement des politiciens d’opinion tout à fait opposée (Jules Guesde ministre). Puis Briand succédera à Viviani le 29 octobre 1915 jusqu’au 20 mars 1917. Faut-il rappeler La Marne, la Course à la Mer en 1914, puis les échecs en Champagne, de l’Artois, des Dardanelles en 1915, Verdun et la Somme en 1916 ?

Durant cette période Briand montrera que quoique non nationaliste outrancier, il possède une fermeté de caractère suffisant pour conduire les affaires internes et externes du pays. Il faut outre une collaboration avec Poincaré, être souple avec les Généraux, surtout Joffre qu’il soutiendra longtemps malgré un caractère peu agréable, faire face aux civils et militaires alliés : Anglais, Italiens, Belges, il insistera pour la création de l’armée d’Orient en dépit de l’opposition des Etats-Majors alliés. Il comprendra fin 1916 que Joffre n’a plus la capacité de réussir et ne s’opposera pas à la nomination du Général Nivelle – un des vainqueurs de Verdun avec Pétain et Mangin – au poste de Généralissime. Briand quittera le gouvernement et les affaires avant l’échec du Chemin des Dames en  avril 1917 –  A-t-il une responsabilité ?  Le débat n’est pas clos, d’un avis personnel j’estime que Briand a, comme trop de responsables, été “Bluffé” par ce Général certes pas plus mauvais qu’un autre, du moins jusqu’à ce qu’il occupe ce poste, avec les conséquences que l’on connaît : échec, mutineries, pertes énormes.

Aristide Briand va disparaître de la scène internationale et nationale jusqu’au 16 janvier 1921.

Il sera réélu député en 1919, mais ne participera en rien aux affaires politiques de la France tant jusqu’à la fin de la Guerre, qu’au moment du traité de Versailles, qu’il n’approuvera pas vraiment,

Clémenceau qui le haïssait, fera tout pour ne pas le voir revenir aux affaires.

 

N’oublions pas que l’Assemblée Nationale a une majorité dite “Bleu Horizon”

 

Avant son retour aux affaires, outre les traités inhérents à la fin de celle-ci, a été fondée la SDN (Société des Nations) le 28 avril 1919 suivi du pacte de la SDN le 1er mars 1920 – et en juillet la Conférence de SPA sur les réparations des dommages de guerre.

 

En 1920 Clémenceau, battu par Deschanel pour la Présidence de la République se retire de la politique – Briand a participé à sa non élection. Deschanel fragile mentalement se retire quelques mois après, Alexandre Millerand lui succède. Comme Briand il a eu quasiment le même parcours politique. Il a été exclu de la maçonnerie dès 1905 en raison de ses dérives idéologiques.

Il  restera malgré tout en relation avec plusieurs hommes de gauche.

 

1921 – 1932 – Combats pour la Paix –

 

Briand reprend du service en tant que Premier ministre et ministre des affaires étrangères du 16 janvier 1921 au 12 janvier 1922, de nouveau il redevient sans fonctions jusqu’au 17 avril 1925.

A compter de cette date il sera quatre fois Premier Ministre/Ministre des Affaires Etrangères, et uniquement aux affaires extérieures 10 fois : quasiment sans discontinuer avec un bref arrêt, remplacé maladroitement par Edouard Herriot. Les Premiers Ministres seront Paul Painlevé, Raymond Poincaré, André Tardieu, Théodore Steeg et Pierre Laval qui le toléraient sans plus – avec qui il terminera sa “carrière” ministérielle, cessant ses activités le 12 janvier 1932.

 

La France traverse une crise économique allant s’aggravant dès la fin de la guerre, entraînant des mouvements sociaux , Raymond Poincaré tentera de résoudre les problèmes financiers (franc Poincaré, dévaluation) , du point de vue extérieur , Briand tentera de calmer l’affrontement  avec l’Allemagne quant aux réparations dues par cette dernière – sans compter le règlement de la dette due entre la France et ses alliés surtout vis à vis des U.S.A., souple avec l’Allemagne, inflexible avec la France . Raymond Poincaré optant pour une attitude extrêmement dure envers l’Allemagne entraînant l’occupation de la Ruhr avec la Belgique, en dépit de l’avis hostile de la Grande Bretagne et des U.S.A. souhaitant une Allemagne plus forte afin de ne pas laisser la France seule puissance sur le sol européen face au bolchevisme instauré depuis la chute de l’Empire Russe devenu U.R.S.S. et afin de pouvoir commercer avec une Allemagne saine économiquement, celle-ci n’ayant pas été endommagée par la guerre à la différence de la France (Nord et Est) et de la Belgique.

 

Constat : crise économique en Europe, l’Allemagne alternant entre un  retour à la richesse puis retombant dans une extrême précarité, crise de 1929, la France sans alliés réels, appauvrie et affaiblie politiquement.

 

Aristide Briand va s’atteler sur plusieurs points : régler le problèmes des réparations, se rapprocher de l’Allemagne, songer à une Europe unie afin de bannir la guerre du continent.

Rappelons qu’il n’approuve pas le traité de Versailles tel qu’il a été rédigé, mais tout en essayant de le faire appliquer, il montrera plus de souplesse, prêt à écouter ses homologues allemands.

Précisons que l’Allemagne ne se reconnaît pas responsable de la guerre, mais s’estime victime et plus d’un politique de droite ou de gauche, estime que leur pays n’a pas été vaincu, mais trahi.

Ce sera la position même de G. Stresemann qui va apparaître à cette époque.

 

Socialement en dépit de la crise des mesures de progrès seront prises :

23 avril 1919 : Loi sur la journée de 8 heures

Tentative de donner le droit de vote aux femmes : échec

Mais le 31 juillet 1920 : loi réprimant l’avortement

1924 : Elections législatives : Cartel des gauches

16 mars 1928 : Loi sur les assurances sociales obligatoires dans l’industrie et le commerce

16 avril 1930 : Loi sur la retraite du combattant et 1er juillet : application de la loi sur les assurances sociales

11 mars 1932 : Loi sur les allocations familiales pour tous les salariés (Briand est décédé le 7)

Le Franc a été dévalué et indexé sur l’or –  la France est touchée par la crise depuis 1931

 

L’action de Poincaré n’aura pu suffire à enrayer les difficultés économiques.

Sur le plan extérieur A. Briand va tout mettre en œuvre en faveur de la Paix.

La France a dû intervenir au Maroc, avec l’Espagne, contre les troubles fomentées par Abd El KRIM, l’ordre a été rétabli non sans difficulté en 1925-1926. De même la guerre des Druses en Syrie sous mandat français durant la même période.

 

En 1924 la France rétablit ses relations diplomatiques avec le Vatican.

Briand n’approuvera que modérément l’occupation de la Ruhr décidée par Poincaré en 1923, en représailles contre la mauvaise volonté de l’Allemagne de régler ses dettes. De surcroît la France manque de charbon – N’oublions pas que lors de leur retrait de France l’armée allemande a noyé des mines dans le nord de la France, fait souvent oublié de nos jours. La France “lâchée” par la Belgique évacuera cette région  en juillet 1925.

Briand en 1921-1922 avait déjà tenté un rapprochement avec l’Allemagne, trop tôt , avant son retour, le plan Dawes du 9 avril 1924, sera mis au point dans le but de régler le problème des dettes de guerre, plus important du 9 au 16 octobre 1925 la conférence de Locarno (à laquelle participera un certain B. Mussolini représentant l’Italie) aboutira à la garantie de la reconnaissance des frontières de la France et de la Belgique, impliquant la reconnaissance par l’Allemagne du retour de l’Alsace-Lorraine pour la France et la cession de Malmédy et sa région à la Belgique. De ce fait l’Allemagne réintègre le concert des nations, ce qui sera suivi en 1926 par son entrée à la SDN sous l’égide bienveillante et réaliste de Briand. La paix semble assurée en dépit des réticences allemandes et de l’esprit jusqu’au-boutiste de certains mouvements nationalistes français. N’oublions pas que suite au retrait des U.S.A. depuis la fin de la guerre, la France était en fait sans allié, la Grande Bretagne ne s’étant engagée à nous assister que si les U.S.A avaient suivi l’avis du Président Wilson suite au traité de Versailles et de la création de la SDN, ce qui n’avait pas été le cas – D’où le surnom de Clémenceau face à cet échec diplomatique de “Père de la Victoire” en “perd la victoire”.

Poincaré éloigné  “bête noire” des Allemands, Briand réalise que seule une paix entre la France et l’Allemagne peut assurer la stabilité en Europe.

 

C’est avec Gustav Stresemann (1878-1929) que cette idée avancera – Ce dernier est pourtant un farouche nationaliste, favorable à la guerre en 1914, persuadé que l’Allemagne est victime, mais avec le temps il se rend compte qu’il faut avancer et réviser ces idées qui bloquent la possibilité de régler tant le problème des réparations que celui de la place que mérite l’Allemagne au sein de la communauté internationale – Personnage ambigu mais pragmatique. Avec Briand le courant va passer, la France a également du mal à se placer en Europe et son influence décroît – pragmatisme de Briand également. Le 27 août 1928 est ratifié le pacte “Briand-Kellog” nom d’un secrétaire d’état  américain, prétendant mettre la guerre “hors la loi” – “Arrière les fusils, arrière les mitrailleuses et les canons” s’écriera Briand (enregistré et filmé).

 

En Septembre 1929, lors d’une séance à la S.D.N. Briand proposera que se crée un lien fédéral  entre les peuples d’Europe – Nous connaissons la suite.

Epuisé Stresemann décède en 1929, le “charme” est rompu, les relations avec l’Allemagne seront de nouveau difficiles.

En 1926 les efforts des deux hommes leur avait fait obtenir le Prix Nobel de la Paix (que Briand n’ira pas chercher).

Briand de santé précaire depuis toujours, sera candidat à la Présidence de la République en 1931,  Paul Doumer sera élu.

Il décédera à Paris le 7 mars 1932 et enterré à Cocherel.

 

Pleuré de tous ? Certes non, il a des ennemis irréductibles : à gauche il a trahi, à l’extrême droite un homme comme Léon Daudet n’a pour lui qu’une haine tenace, à droite son idée de rapprochement avec l’Allemagne gêne bien des nationalistes. Mais pour une large majorité il est tout comme

Clémenceau ou Poincaré un politique qui a bien servi son pays.

 

Conclusions

Qui était Aristide Briand ?

 

Certes pas un homme parfait, sa vie politique l’a vu agir parfois cruellement envers certains de ses adversaires : sa vie privée n’étant pas toujours un exemple.

Un idéaliste voire un rêveur ? : Ses actions après la guerre tendraient à le démontrer.

En réalité il savait analyser et même s’il a pu tenter un rapprochement franco – allemand qui a duré très peu de temps, même s’il a rêvé d’une Europe unie, il savait que des précautions étaient à prendre, à cet effet il avait un budget “confidentiel”  prévoyant une aggravation éventuelle de la situation internationale. Il haïssait la guerre, mais avait démontré ses capacités jusqu’en 1917 face à cette situation.

Il mourra avant d’avoir vu l’écroulement de ses rêves.

Un antisocial ? Au niveau de la grève des fonctionnaires, oui, par contre il a soutenu bien des lois dites sociales en tant que Député ou Premier Ministre ainsi que lors de son premier poste ministériel.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je l’ai choisi en raison de sa lutte pour la LAICITE avec pour conséquence la Loi de 1905.

Pour son attachement à la Paix et ses tentatives en ce sens.

Pour ses soutiens envers le social, même imparfaits.

Pour avoir soutenu des tentatives d’abrogation de la peine de mort.

Pour avoir compris que seule la paix était un facteur essentiel pour le mieux vivre de l’humanité.

Pour avoir songé à une Europe unie comme d’autres avant lui : Hugo, Jaurès.

Il n’a pas compris l’impasse où mènerait le colonialisme, comme la plupart des gens de son époque.

Ne s’est pas intéressé réellement au droit de vote des femmes (tout ou rien disait-il), comme beaucoup.

 

Par rapport à la Maçonnerie : Il a adhéré à une Loge non considérée comme telle sans laisser de traces particulières. N’a pu adhérer pour des raisons “douteuses” quant à son mode de vie.

Pourtant agir ne serait-ce que pour ce que j’ai déjà énuméré, prouve que bien des Frères ont eu de l’influence sur lui, et qu’au fond il n’était pas très éloigné de nos idéaux.

 

Je le qualifierai de visionnaire ayant eu raison trop tôt

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