Réalité et Vérité

Faits alternatifs et fake News

La vérité et la réalité sont des notions différentes selon que l’on s’adresse à un philosophe, un physicien ou un croyant.

Il existe deux écoles en philosophie : ceux qui, comme Platon, considèrent que la réalité n’existe pas dans ce monde et que le monde sensible que nous apercevons n’est que le reflet sur le mur de la réalité.

Et ceux qui, comme Aristote ou les positivistes, considèrent que la réalité est un attribut du langage et des sens et on ne peut connaitre la réalité qu’à travers les sens.

Les politiques de tous temps ont exploité l’ambiguïté entre vérité et réalité en fabriquant des « fake news » ou de faits alternatifs et en manipulant la vérité.

En physique la réalité mathématique seule peut donner une idée de la réalité externe objective.

Dès l’initiation le Franc-maçon s’engage dans un parcours qui doit le mener des ténèbres vers la lumière, de l’ignorance vers la vérité. Ce qui compte, c’est la recherche incessante de la vérité et le parcours pour l’atteindre.

Introduction

 » C’est la plus large audience qui a jamais assisté à une investiture, un point c’est tout. », a déclaré le porte-parole de Donald Trump en référence à l’assistance à la cérémonie d’investiture diffusée à la télévision et sur Internet. Le lendemain, pour justifier cette interprétation, la conseillère du président a parlé de « faits alternatifs ». De cette façon elle neutralise toute critique.

La phrase de Nietzsche : Il n’y a pas des faits, seulement des interprétations semble donner raison à cette justification. Mais en réalité le porte-parole, quand il parle de la plus large audience, a exagéré le nombre par un effet rhétorique. Alors que la conseillère, au lieu de dire que le porte-parole a donné sa version des faits, utilise un terme philosophique d’existence des faits qui nous dépassent mais qui sont réels (Faits alternatifs). On vit dans deux mondes parallèles : le monde des médias et le monde alternatif de la Maison Blanche. Mais Nietzsche ajoute : Toutes les interprétations ne se valent pas.

Comment reconnaitre la vérité dans un monde où il y a des faits alternatifs et des fausses nouvelles ? Et que dire de la réalité virtuelle ? Ce qui est virtuel est par définition non réel et vice versa.

Quelle place pour la vérité dans un monde où il y a des réalités parallèles ?

Plan

  1. Vérité et Réalité
  2. La notion de réalité pour la science et la physique en particulier
  3. La réalité et la vérité sur Internet (Fake news, vérité alternative, sites complotistes, communication/ information digitale)
  4. La recherche de la vérité du Franc-maçon.
    1. Vérité et Réalité

Tachons d’abord de préciser les deux notions vérité et réalité. La vérité est un concept linguistique (on connait un objet) alors que la réalité est un concept ontologique (il existe ou n’existe pas).

Ainsi la vérité est une notion relative qui peut dépendre du contexte alors que la réalité en principe est universelle.

Mais alors peut-on connaitre la réalité ? Et si la vérité est relative, y a-t-il une vérité absolue ?

Les réponses à ces questions sont différentes selon que l’on s’adresse à un philosophe, un théologien ou un physicien.    

Il ne s’agit pas ici de faire un exposé exhaustif des différentes thèses philosophiques mais rappeler simplement les positions de principaux philosophes pour mieux éclairer le développement de la relation entre  » réalité et fais réels”. Même si les deux notions ne se confondent pas, vérité et réalité sont liés puisque la réalité est critère de vérité. Par exemple si je dis « il fait nuit », cette phrase est vrai si et seulement si, de fait, il fait nuit. Si je regarde à l’extérieur et vois le noir et les étoiles, alors cette réalité est un bon critère pour dire que ma phrase est vraie.

Dans La république, Platon, à travers la fameuse allégorie de la caverne, oppose le monde « vrai » – le monde des idées – au monde sensible. Le monde sensible que nous apercevons n’est que le reflet sur le mur de la réalité.

Il s’oppose ainsi à Aristote pour qui la vérité est un attribut du logos et du langage. Dans sa Logique, il définit la vérité comme la conformité de la proposition de ce qui est dit, à la réalité. La proposition est vraie si les faits dont elle rend compte sont tels qu’elle les décrit. Elle est fausse si les faits sont autrement qu’elle ne les décrit. Comme l’exemple de la nuit plus haut.

En effet est vrai ce qui peut être énoncé sans ambiguïté et sans contradiction. Par exemple : Si j’affirme que le soleil est réel, je ne dis pas autre chose que le soleil existe. Mais si je montre le soleil et je dis « Voici la lune », c’est une phrase non logique. C’est un fake, une contre-vérité. On peut aussi classer dans cette catégorie les syllogismes : tout ce qui brille est de l’or, le soleil brille, donc le soleil est de l’or.  

Historiquement on a cherché la réalité dans les récits. Si nous pouvons démontrer que ce qui est décrit est réellement arrivé alors on considère qu’il s’agit d’un récit vrai. Sinon c’est un mythe ou une spéculation. Le meilleur exemple est l’ancien testament. On cherche toujours et désespérément à rapprocher le récit biblique des évènements arrivés aux différentes époques. Si on considère que le texte est symbolique et doit être interprété conforment à une certaine herméneutique, on s’épargne des positions extrémistes comme celles des créationnistes ou de l’inquisition qui condamna Galilée.

Dans son livre 1984, G. Orwell décrit une société dictatoriale dirigée par Big Brother. Le héros est fonctionnaire au ministère de la Vérité (Miniver en novlangue). Le slogan du parti inscrit sur la façade est : La guerre c’est la paix, la liberté c’est l’esclavage, l’ignorance c’est la force. Le narrateur est chargé de ré-écrire les informations du jour, en les adaptant à la « vérité » du régime et en gommant ce qui déplaisait au dictateur. Il substitue des faits souhaités aux faits réels. Il s’agit des faits substitutifs, grande spécialité de Fox News.

Peut-on connaître la vérité réelle ? Pour Kant : il y a de la connaissance possible mais nous la connaissons qu’à l’intérieur des conditions possibles. Dans sa critique de la raison pure, il tente de réponde à la question « Que puis-je savoir ? À quelles vérités – au pluriel – puis-je accéder ? ». Il distingue la connaissance pure de la connaissance empirique. En tant que digne héritier des lumières et admirateur de Newton, il dit : Toute notre connaissance commence avec l’expérience, il n’y a là absolument aucun doute… Mais même notre connaissance d’expérience est composée de ce que nous recevons par des impressions que notre propre pouvoir de connaitre produit de lui-même.  Autrement dit il existe une partie de la connaissance vraie (ce qu’il appelle la connaissance à priori) qui ne découle pas de l’expérience pure mais de la raison, et il donne pour cela l’exemple des mathématiques.  En effet les mathématiques c’est une construction intellectuelle de la raison qui est vraie à priori (Tout le monde sait que 2 et 2 font 4) mais qui ne représente pas toujours une réalité physique. Nous le verrons plus loin avec la réalité en physique toutes les solutions de l’équation de la relativité générale d’Einstein ne sont pas une réalité physique et le rôle du physicien consiste à prouver lesquelles sont vraies, falsifiables et démontrables expérimentalement.

Nietzsche refuse le caractère à priori détaché de l’expérience. De même que les positivistes.

Montaigne, Pascal et Leibniz défendent l’idée que la réalité se compose de l’ensemble des perspectives (points de vue) que nous avons sur elle. Ainsi d’après Leibniz tous les mondes possibles existent dans l’absolu (c’est-à-dire dans Dieu) mais il a choisi de créer seulement le meilleur des mondes possibles.

La vérité et la croyance sont-elles compatibles ?  

Appelons de nouveau Kant à la rescousse (logique) : Le savoir est une connaissance qui est suffisante objectivement et subjectivement.

La croyance est une connaissance qui est subjectivement suffisante mais objectivement insuffisante.

L’opinion est une croyance qui a conscience d’être insuffisante aussi bien subjectivement qu’objectivement.

Le dogme est une croyance qui se fait passer pour un savoir.

En métaphysique – et en religion donc – il y a toujours la question de la perception par les sens ou par le cœur ou l’âme. En effet l’acte de croire ne dépend pas des sens. On n’a jamais vu Dieu pourtant il y a des milliards des personnes dans le monde qu’ils y croient. Pour le philosophe PH Tavoilot : Le monothéisme est la fidélité à un Dieu absent (transcendent), l’athéisme la fidélité à l’absence de dieu. Dans les deux cas, il s’agit d’une foi et non pas d’une science. (Ni Kant ni Leibniz ni Pascal ni Descartes n’ont réussi à démontrer scientifiquement l’existence de Dieu, de même ni Nietzche, ni Sartre ni Démocrite ni Onfray n’ont réussi à démontrer le contraire).

La religion est donc une affaire de croyance alors que la science est une affaire de connaissance. Chacun sa vérité.

En logique la vérité quelquefois peut aboutir à un paradoxe, c’est-à-dire une proposition ou une idée qui va contre le sens commun. Voici le célèbre Paradoxe d’Epiménide ou le paradoxe du Crétois : Epiménide est Crétois. Il affirme que tous les crétois sont des menteurs. Alors ce qu’il dit est-il vrai ou faux ? Quelqu’un dit « je mens », est-ce qu’il ment ? S’il ment, c’est qu’il ne ment pas. S’il ne ment pas, c’est qu’il ment. Autrement dit on ne peut pas savoir. Le grand mathématicien Gödel fait référence à ce paradoxe dans son théorème d’incomplétude.  

Et le philosophe Wittgenstein d’ajouter : “Ce qui peut être dit, peut être dit clairement ; et ce dont on ne peut parler, il faut le passer sous silence.”

Signes, symboles et réalité

Dans la société nous ne faisons que consommer des signes. Cela devient totalement évident avec la société numérique, où les signes s’échangent entre eux sans même avoir besoin d’objet. Or, dans un tel monde, seule règne l’ambivalence : le réel et le virtuel, le vrai et le faux, ne sont plus distinguables, puisque si on manipule les signes, on manipule la réalité. Le célèbre tableau de Magritte La trahison des images, avec sa phrase écrite « Ceci n’est pas une pipe », nous interroge. En effet on contemple l’image de la pipe mais est-ce pour autant un objet réel ou simplement le signe de l’objet ?

Cinquante ans avant Donald Trump, Baudrillard parle déjà des fake news ! A l’époque, il se faisait huer en expliquant cela, mais les conservateurs américains, eux, l’ont très bien compris. Ils ont créé des médias pour en faire une arme imparable. Trump sait qu’il peut dire n’importe quoi dans l’affaire des contacts avec la Russie. Cela ne serait pas possible si nous étions dans une société qui sait ce qu’est la réalité.

    1. La réalité physique

Démocrite disait : La couleur n’existe pas. De même le doux. De même l’amer. En réalité, il n’y a que des atomes et le vide.

Avant d’aborder la question de la réalité physique, essayons de définir ce qui est la réalité interne, externe et consensuelle.

Chacun de nous possède sa propre réalité interne basée sur un modèle de réalité façonnée par notre cerveau. La réalité interne est la manière dont on perçoit subjectivement la réalité externe. Par exemple un daltonien a une perception des couleurs propre à lui. Une illusion d’optique est une perception de la réalité interne.

La réalité consensuelle est une description du monde physique sur laquelle s’accordent les observateurs conscients.

Enfin la réalité externe est une description mathématique et objective de la réalité.

La relation entre réalité interne et réalité consensuelle est l’affaire des sciences cognitives et la relation entre réalité consensuelle et réalité externe est l’affaire de la Physique.  

Une grande question se pose à nous : La Réalité externe existe-elle en dehors de l’humain ? Y-a-t-il une réalité objective, universelle ?

Considérons maintenant le caractère logique de la réalité (ce qui pourrait être). En effet prenons les mathématiques : si les entités mathématiques ont une existence (c’est-à-dire qu’elles sont réelles), peut-on dire que toute équation mathématique représente une réalité physique ? Ou que toutes les solutions d’une équation sont le reflet d’une réalité ? Nous savons qu’il n’en est rien. Il existe des solutions de l’équation d’Einstein de la relativité générale qui ne correspondent à aucune réalité physique. Quoi que … Par exemple certaines solutions engendrent des hypothèses de réalité pour le moins surprenantes : Les multivers.   

Leibniz parlait d’une multitude de mondes possibles et que Dieu dans sa grande sagesse a choisi de rendre réel le meilleur de ces mondes possibles.  Nous trouvons cette notion de multivers chez David Lewis un philosophe Américain : Est-il possible que Hilary Clinton ait était élue présidente des Etats Unis en 2016 ? Lewis répond oui dans un autre monde possible. Il s’agit d’une proposition logique contingente, c’est-à-dire qui est vraie dans certains mondes possibles et fausse dans d’autres.

Le plus extraordinaire est que cette notion de multivers – qui est une pure spéculation de la philosophie analytique – trouve aujourd’hui écho dans une hypothèse scientifique tout à fait sérieuse. Einstein disait : Deux choses sont infinies : l’univers et la bêtise humaine.

Il est admis aujourd’hui que l’univers est infini. Dans cet univers infini, le nombre de particules est fini. Donc, d’après les lois de la probabilité, il est possible qu’il existe dans une autre galaxie un assemblage de particules identiques à celui de ce monde, constituant un avatar de moi-même ou de vous tous.  Et encore mieux, d’après la relativité générale et la physique quantique, dans cet univers infini, il existerait une infinité d’autres univers parallèles. Les univers parallèles ne sont pas une théorie mais une prédiction des autres théories dont certaines sont très bien établies et abondement testées.

Les conséquences de ces prédictions, si elles sont confirmées, sont considérables. Les multivers invitent à penser l’étrangeté.  Mais pour rester dans le sujet de cette planche, regardons ce qui se passe si la vérité n’est pas la même dans tous les mondes possibles. Et si par exemple les lois de la nature ne sont pas les mêmes partout dans ces univers. On peut néanmoins imaginer que ces lois sont valables partout puisque les multivers sont la conséquence des théories basées sur ces mêmes lois.  Et qu’en est-il de la vérité ? La notion de multivers est une façon d’exporter dans le champ de la physique les questions philosophiques : s’agit-il de la vérité positiviste accessible par les sens ? Ou de la vérité idéaliste de Platon ou encore de la vérité scientifique de Popper ? Pour répondre à ces questions, certains seraient tentés de mélanger physique et philosophie. Quant à moi je reste aux explications rationnelles de la physique, domaine que je maitrise un peu et je laisse aux métaphysiciens le soin de régler les questions métaphysiques.

Les physiciens ne sont d’ailleurs pas toujours d’accord entre eux. Mais la physique quantique, qui est prouvée d’une façon spectaculaire, nous incite à rester humbles devant des phénomènes physiques non déterministes et non explicables par le « bon sens ». L’exemple du double comportement onde-particule de la matière est très frappant. Ou encore l’équation d’état d’une particule est une équation probabiliste. Peut-on alors parler de réalité ?

 Tout n’est pas observable ou détectable par les sens.    

La mécanique quantique présente plusieurs caractéristiques qui s’opposent à l’intuition commune, au « sens commun ».

La superposition des états, le principe d’incertitude ou encore l’intrication quantique.

Contrairement à ce que pensait Auguste Compte et les positivistes, il n’est pas nécessaire d’aller sur Mars ou sur les étoiles pour pouvoir décrire leur composition. En effet la mesure en physique est souvent indirecte même quand on voit un objet, il s’agit d’une perception indirecte puisque notre œil reçoit des rayons réfléchis par l’objet. C’est grâce à cette intermédiaire qui est la lumière que nous voyons l’objet. De même en mécanique quantique ce qui est « réel », comme la superposition des états « mort et vivant », n’est pas intuitivement compréhensible. La physique repousse les limites du réel tant que l’on reste dans le cadre de la faisabilité Poppérienne. Toutes les démonstrations de la physique tentent à prouver que les théories sont falsifiables et un résultat négatif montre que la théorie est valable.  

C’est quoi alors une Vérité scientifique ?

Pour Carl Popper, une théorie est scientifique si elle est réfutable. La psychanalyse et le marxisme malgré l’importance qu’il leur accorde, sont plus proches de l’astrologie que de l’astronomie. Elles sont irréfutables. L’expérience qui dit avoir prouvé la théorie de la relativité n’était pas autre chose qu’une tentative de réfutation dont le résultat a été négatif.

Faut-il rejeter la métaphysique dans la recherche de la vérité ?

Pour Popper, les idées métaphysiques ont été d’une extrême importance pour la cosmologie. De Thales à Einstein, de l’atomisme primitif aux spéculations cartésiennes sur la matière, ce sont les idées métaphysiques qui ont ouvert les portes.

Il n’y a aucun accès immédiat au réel en tant que réel. Tout est média et médié. Il est même probable que le réel en lui-même n’ait aucun sens ni aucune existence.

    1. La réalité et la vérité sur internet : Fake News

Les fake news ne sont pas totalement faux. Ils restituent en partie correctement les faits. Ainsi ils sont d’autant plus redoutables. Les racistes et les sexistes ne sont pas dangereux parce qu’ils mentent, ils sont dangereux parce ils présentent leurs mensonges sous la forme de faits vrais.

Il y a deux stratégies : dire la vérité sous les dehors d’un mensonge ou mentir sous les dehors de vérité.

C’est ainsi qu’aux yeux des fondamentalistes chrétiens, il est « justifié de mentir pour Jésus ». Ainsi pour empêcher l’avortement, ils propagent des prétendues vérités scientifiques sur les risques médicaux.

Les populistes anti-migrants propagent des histoires non vérifiées et non vérifiables sur des prétendus viols et agressions commis par des migrants. Ainsi ils crédibilisent leur discours de la peur.  

Loi sur les fake news dite Loi de fiabilité et de confiance de l’information.

Donald Trump aurait-il pu être élu sans l’aide de la Russie ? Ou encore des adolescents macédoniens qui, sans perspective d’emploi, ont mis en ligne des sites comme TrumpVision365.com, Usconservativetoday.com, DonaldTrumpNews.co ? Ils les ont utilisés pour propager sur facebook des millions de messages et de vidéos mensongères sur les adversaires de Trump. Grâce à ce bidonnage de l’information, ils ont gagné beaucoup d’argent.

Quel impacte a eu, sur la campagne électorale de 2017 en France, la propagation de fausses nouvelles par Russia today et le « Macron leaks » qui a propagé des tweets comme celui qui laissait entendre que Macron utilisait Ziad Takiedine pour armer Daesh en France ? !

Mais aussi les prétendues informations scientifiques de créationnistes ou des « pro-vie » pour justifier leur position fanatique contre la science et contre l’avortement ? Ou encore la campagne pour le Brexit ?

La désinformation n’est pas nouvelle : Les écrits apocryphes de l’antiquité présentent des faits alternatifs au récit de la Bible. Le bureau spécial de la désinformation du KGB créé par Staline en 1923 et la propagande pendant la seconde guerre mondiale sont autant de cas de propagation de fake news. Mensonges et propagande ont toujours étaient exploités par les politiques.

Les réseaux sociaux rendent cette propagande beaucoup plus facile et anonyme.

Une loi donnant au CSA la possibilité d’interdire un media étranger qui diffuserait des fake news, qui obligerait les plateformes numériques à plus de transparence et permettait de saisir les juges pour faire cesser la propagation d’une fake news serait-elle possible ? On voit déjà les objections.

Comment contrôler ces géants qui sont Facebook, Google et autres GAFAM ?

Comment interdire à un site, dont les serveurs sont à l’étranger, de propager ces fake news sans tomber dans la censure ? L’état est-il le mieux placé pour dire ce qui est vrai ou ce qui est faux ? Il faut aussi pouvoir faire la part des choses entre une expression politique fausse et une conviction personnelle.

Pour que cette loi soit efficace, il faut dans un premier temps obtenir la coopération des opérateurs et des acteurs du net. Mais peut-on avoir confiance en Facebook ou Tweeter quand on connait leur refus de communiquer au FBI les données d’un présumé terroriste et en même temps leur complicité passive dans le vol des données personnelles par Cambridge Analytica utilisées pour transmettre de la publicité ciblée pro-Trump ?

Une loi pourquoi pas ? Mais à mon avis l’efficacité de cette loi sera limitée. Elle devrait être accompagnée par la mise à disposition de la justice des mêmes moyens que les hackers, permettant par exemple de bloquer certains sites ou encore pouvoir mener sur les réseaux sociaux des campagnes de désintoxication de l’information. Le débat est aussi bien technologique que juridique.

La meilleure arme contre les fake news reste l’éducation.  

    1. La recherche de la vérité du Franc-maçon

Dès l’initiation, le Franc-maçon s’engage dans un parcours qui doit le mener des ténèbres vers la lumière, de l’ignorance vers la vérité.

Les philosophes, les physiciens, les religieux aussi cherchent cette vérité.

Ernest Renan disait : Si une société, une religion, une philosophie connaissait la vérité absolue, alors elle éliminerait toutes les autres sociétés, philosophies et religions.

Le propre du Franc-maçon est donc la recherche de cette vérité. Il doit essayer de s’en approcher au maximum sans illusion mais sans se décourager.

L’apprenti maçon commence symboliquement par mourir avant de renaitre. Comme disait Nietzche : La foi dans la vérité commence par douter de toutes les autres vérités que nous croyions jusqu’ à là. 

De la même façon, le doute – propre au scientifique et au Franc-maçon – doit nous mener vers la recherche d’une vérité non révélée, non dogmatique. Cherche et tu trouveras. Une recherche incessante…

Mais on peut se demander : Où est donc cette lumière que des millions de Franc-maçons ont cherchée et cherchent encore. Peut-on la trouver un jour ?

L’apprenti est au pied d’un grand escalier. Il ne perçoit pas le bout mais il commence à le gravir. A chaque palier il entrevoit une partie de la vérité, un fragment de cette lumière. Il avance péniblement. Ce qui est important c’est l’effort, la recherche, l’ascension, la réflexion, le questionnement. A chaque grade un nouveau palier, de nouvelles épreuves, de nouvelles découvertes et satisfactions, une nouvelle fente permettant d’apercevoir quelques rayons de la lumière.  

Chaque palier fournit au Franc-maçon les instruments symboles lui permettant d’explorer la connaissance de la vérité. Atteindre le sommet est-il si important ? Ce qui est important est le chemin qui y conduit.

De longs et pénibles efforts seront encore nécessaires avant que notre tâche soit achevée. La pierre brute est à peine dégrossie.